Photo : UG

 
 

5 (Cinq)
Idée et texte de Patrick Gloux
Illustration et ingénierie papier de UG (Philippe Huger)
Pas d'éditeur indiqué.
Livre relié, 5 doubles pages avec pop-ups, 2 roues, impression en sérigraphie (35 passages env. !) par UG, format 30 x 30 x 4 cm.
Particularités : édition limitée à 100 ex. numérotés réservés à l'agence commanditaire + 27 ex. d'artistes (26 destinés à la vente, numérotés de A à Z + 1 H.C.)
Pour collectionneur
Prix public constaté : env. 120 EUR (12/2006)

Toutes les œuvres : © UG
Photos : UG, P. Gloux, Sébastien Hugues. Merci à Lazlo.

 
 

 

 
  Photo : Sébastien Hugues  
  Photo : UG  

TEMOIGNAGE

 

Patrick Gloux, auteur, nous relate la genèse de « Cinq » :

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Cinq, au départ, est une requête de Frank Flacs, le dirigeant de « le Dos de la Cuiller », une agence un peu particulière à mi-chemin de la mise en scène et de l'architecture commerciale. Il souhaitait marquer le coup pour les 5 ans de son agence avec un objet-témoin très personnel, à offrir à quelques dizaines de personnes. Comme j'écris pour eux depuis un certain temps, Frank m'avait gentiment associé au projet.

Il fallait une forme qui rende hommage à la dinguerie des installations du Dos de la Cuiller, qui ont à la fois un côté bricolo- fait maison, un éclectisme digne d'un inventaire à la Prévert ou à la Perec, mais aussi une certaine branchitude chicos-foutraque. J'ai d'abord pensé à quelque chose qui aurait pu prendre la forme d'un gigantesque pliage-accordéon à la manière de Utamaro, avec un texte en bouts-rimés tirés de différents projets passés. J'ai vite séché sur les bouts-rimés.

Et puis je me suis dit que pour « rendre » ces installations, il fallait de la 3D, pour pouvoir circuler dedans. Mais pas de la 3D synthétique, de la 3D artisanale, du volume, du tangible, sans pour autant être passéiste. Fan des bouquins d'UG, j'avais Doom, Powerpop et Dancing Robots dans ma bibliothèque. Je les ai montrés à Frank qui en est tombé raide. Restait l'inconnue : la star acceptait-elle de faire un boulot de commande ?

Or la star n'est pas star du tout, son téléphone n'est pas sur liste rouge et l'homme est charmant. Rendez-vous fut pris avec Frank pour une première rencontre à Saint-Ouen, autour d'une bouteille de brouilly. Notre pétulant commanditaire a précisé ce qu'il voulait : tout mettre, tout ce qu'ils avaient fait depuis cinq ans, tous les noms des gens qui ont bossé sur les projets, toutes les marques… Et, en plus, un texte rigolo qui explique les cinq étapes du travail de son équipe.

Nous sommes repartis chacun de notre côté avec ce brief limpide. Moi j'aurais bien fait un peu le tri ; Philippe (UG) voulait tout garder : le cerf, le coucou suisse, les chaises, les cadres, la caravane qui passe et le chien qui aboie, le cigare… J'ai pondu un texte avec des vers de mirliton et des clins d'œils à quelques chansons-clés, et puis on n'a plus entendu parler de Philippe. Il était reparti dans sa campagne, avec ses gouaches, ses exactos et ses bouts de cartons.

En effet, l'auteur de Doom, cette icône moderne qui rend hommage à la première génération de shoot'em up, travaille exclusivement avec du carton, de la gouache, de la colle et des exactos. Et, pour ce projet, de la ficelle et des attaches parisiennes.

 
 
 
 
  Maquette 1. Photo : P. Gloux  
 

On s'est revus à la Halle Saint-Pierre, où il m'a montré une première maquette. En carton, avec beaucoup de gouache blanche, du marqueur et quelques touches de couleur : roots. J'étais comme deux ronds de flan, tout y était. Il n'avait rien enlevé, rien jeté. Mais en plus ça se déployait, ça tournait, ça s'ouvrait dans tous les sens. Nos voisins de table à la Halle Saint-Pierre savaient qu'ils venaient d'assister à une épiphanie moderne. Nous étions mûrs pour retourner voir le brouilly autour d'une bouteille de Frank.

Alors on y est retournés, on a parlé argent (pas beaucoup) et Philippe a souri, on a parlé délais (pas beaucoup) et Philippe a arrêté de sourire et a dit « c'est pas tout ça, j'ai un bouquin sur le feu, si ça doit être prêt à l'automne, j'en ai pour tout l'été ».

Parce que le bouquin était fait, il fallait maintenant le fabriquer : rentrer la maquette dans l'ordinateur (il a un truc comme dans « Tron » : un rayon et hop ! c'est dans Illustrator !), puis tout sérigraphier à la main, puis tout découper à la main, puis tout coller à la main… Le tout multiplié par 100 et quelques bouquins ! Au moment de la livraison (qui eut lieu à la Bastille, le 21 novembre 2006, autour d'une bouteille de brouilly), Philippe nous a avoué qu'à la fin, il en était à 4 livres par jour !

Le reste appartient à l'Histoire. Les exemplaires numérotés de 1 à 100 ont petit à petit trouvé le chemin des bibliothèques de quelques happy fews, quelques initiés ont hérité des rarissimes exemplaires à compte d'auteur identifiés par des lettres de A à Z. Le Nasdaq et Euronext envisagent de créer une cotation spécifique pour livres animés. Et « Cinq » fait marrer mes enfants : pari gagné.
Patrick Gloux
> contact

Livresanimes.com remercie chaleureusement Patrick Gloux, auteur et rédacteur, pour son témoignage ainsi que Philippe Huger pour les visuels de son livre.

 
  Photo : Sébastien Hugues.