Interview de Marion Bataille réalisée en avril 2007 pour livresanimes.com suite à la présentation de Op-up, son dernier livre animé d'artiste.
Quel est votre « parcours » en tant que graphiste, illustratrice, photographe ?
Je suis diplômée de l’ESAG (Ecole Supérieure d’Arts Graphiques), j’ai d’abord travaillé comme graphiste et photographe et, depuis 1997, comme illustratrice.
Quels sont vos centres d’intérêts ? Vos influences ?
Les artistes qui utilisent la photo et la typographie : le Bauhaus et John Baldessari, Ed Ruscha, Sigmar Polke, Arnulf Rainer, Milton Glaser, Massin, Yokoo Tadanori…
Et votre intérêt pour les livres animés ? Etes-vous amateur, collectionneur ?
Curieuse, mais pas collectionneuse.
Qu’appréciez-vous dans les animations de livres, en général ?
La virtuosité de Robert Sabuda ou de David Carter, même si je trouve souvent leur graphisme embarrassant.
Quels livres animés vous ont donné envie d’en réaliser ?
Tous ceux que je connais de Vojtech Kubasta et de Bruno Munari.
Op-up est-il votre premier livre animé ?
Non, le premier date de 1988, c’était une édition en cinq exemplaires. Il ressemblait beaucoup à Op-up, il était en noir et blanc, avec des systèmes et des formes très simples, des lignes, des croix…
Comment est né le projet de ce livre ?
Il y a deux ans, en dessinant des lettres, j’ai pensé à un alphabet animé, j’y ai travaillé pendant six mois. J’ai présenté la maquette à Elisabeth Lortic de l’association “Les Trois Ourses” qui a accepté de le diffuser et je me suis lancée.
Vous aviez déjà conçu un imagier/abécédaire en 1999, dans un style très différent. Est-ce que le choix d’un livre animé a influencé votre travail ?
Oui, car je cherchais avant tout une adéquation maximale entre la forme de chaque lettre et la technique d’animation.
Avez-vous suivi une formation pour concevoir l’animation papier ou êtes-vous autodidacte ?
Pendant une année à l’académie Charpentier, j’ai eu un professeur de géométrie exceptionnel et passionné, Laurent Monod. Depuis, je me documente sur cette technique. Il existe une méthode très complète en anglais de Duncan Birmingham : Pop-up, a manual of paper mechanism, éditée par Tarquin en 1999.
Techniquement qu’est-ce qui a été le plus difficile ?…
Le Z, car la partie supérieure du Z est un triangle en équilibre sur son angle le plus aigu.
… et le plus facile ?
Le A.
Qu’avez-vous appris de nouveau en réalisant ce livre animé ?
D’habitude, je donne mon travail fini sous forme de fichier à un éditeur et avec un peu de chance je le retrouve quelques mois plus tard en librairie. Cette fois, j’ai découvert un réseau totalement différent : de L’Atelier Duplan qui a fait la sérigraphie et la découpe, au travail de présentation des livres que fait l’association “Les Trois Ourses” qui est très important pour moi car ce livre est fragile et cher, relayé par les bibliothécaires sans qui il ne serait pas accessible au public. Je pense aussi à la boutique-musée incontournable de Jacques Desse et Thibaut Brunessaux aux Puces de Saint-Ouen. Et j’ai appris le façonnage à la main qui nécessite une concentration et une endurance particulières !
Vous avez assuré seule la fabrication ?
Oui.
Quel plaisir avez-vous trouvé ?
Ca doit être le même plaisir que de démonter et de remonter un moteur plusieurs fois de suite !
Quel bilan tirez-vous de cette création de livre animé ?
La New York Public Library en a acquis un exemplaire, de même que plusieurs bibliothèques municipales en France, et il sera en mai présenté en grand format, à la médiathèque de Juvisy, je suis plutôt contente.
Avez-vous d’autre projet de livre animé ?
Rien de suffisamment défini pour en parler. |