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INTERVIEW
Avec cette nouvelle réalisation de Mathilde Bourgon, vous pourrez tenir le tout nouveau Dôme du Zoo de Beauval entre vos mains !
Mais qu’est-ce qui a donc amené cette artiste, se décrivant comme designer papier, à réaliser ce très beau carrousel en pop-up pour ce parc animalier de la région Centre-Val de Loire ?
Elle nous accueille dans son atelier pour répondre aux questions d’Anne-Sophie Baumann :
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Mathilde Bourgon : La demande est venue du ZooParc de Beauval qui souhaitait faire un livre pour enfants mettant en scène leur nouvelle installation : un dôme équatorial, abritant les espèces de trois continents.
Ceci correspondait aussi à leur envie d’introduire le livre au sein de leur parc avec notamment la création d’une librairie, et d’établir un partenariat avec les éditions Nathan sur plusieurs titres de fictions et de documentaires.
Au vu de la forme circulaire du Dôme, divisée en trois zones, il est apparu assez rapidement qu’il pouvait être intéressant de proposer un livre carrousel, en trois parties. Les éditions Nathan, qui avaient aimé l’univers botanique coloré de mes précédents livres pop-up (Totems*, Trois petits Indiens**), se sont tournées vers moi pour me proposer la réalisation de cet objet. Les architectes du Dôme m’ont alors transmis leurs plans gigantesques, à partir desquels j’ai réalisé une petite maquette… qui a été retenue !
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Pour affiner le travail, mon éditrice et moi nous sommes rendues sur place pour visiter le chantier du Dôme et prendre des photos complémentaires.
Quelles ont été les directives scientifiques pour la réalisation de cet objet documentaire autant que didactique ?
Il fallait en effet rester dans la forêt équatoriale et représenter les animaux dans leur environnement naturel. On m’a présenté une liste très précise de plantes et d’animaux sous forme de tableaux Excel pour chacune des trois zones : Amérique, Afrique et Asie. Ainsi, j’ai peu à peu peuplé mes décors avec les espèces qui correspondaient. La difficulté résidait dans le fait qu’en parallèle de mon travail, les équipes du parc animalier devaient s’assurer que les espèces sélectionnées pour habiter le Dôme pouvaient bien y être transférées : certaines venaient directement du Zoo, d’autres de pays et parcs animaliers du monde entier. J’ai commencé à installer les espèces les plus sûres. Il fallait par ailleurs respecter le nombre d’animaux en famille dans chaque zone : ni trop, ni trop peu comme les hippopotames nains qui ne pouvaient être que trois !…
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Quelle est la spécificité de votre carrousel ?
Chaque décor repose sur un pli, tantôt vers le haut, tantôt vers le bas. Les pop-ups naissent de chaque pan vertical, mais sont aussi insérés dans le plan horizontal pour montrer ce qui se passe sous l’eau, dans le fleuve ou la rivière : poissons Labidos jaunes, tortues à long cou, faux gavials de Malaisie, loutres géantes... Certaines animations traduisent également le mouvement des animaux comme l’aigle qui s’envole.
Les jeunes lecteurs sont invités, dans chaque zone, à retrouver ici trois hippopotames pygmées, là neuf loutres géantes ou six tortues d’eau douce…
Oui, ce jeu de « Cherche et trouve » permet une plus grande interactivité avec le livre, et une assimilation plus ludique des connaissances.
Voici donc votre premier documentaire. Vos précédents livres étaient plus narratifs : Totems*, Cerfs-volants**, Trois petits indiens**… Avez-vous d’autres projets de documentaires ?
Effectivement, mes trois premiers livres étaient inspirés de petites histoires, liés à mon intérêt pour une forme graphique – le Totem – en lien avec mes voyages, à mon amour pour un objet, le cerf-volant, ou à mon goût pour une gamme de couleurs – des nuances de bleus et de verts - et pour les motifs variés des espèces végétales : feuilles, racines, troncs dans Trois petits indiens… Avec le Dôme, j’ai dû beaucoup plus dessiner que d’habitude pour me rapprocher du réel et placer dans l’espace ces éléments de nature : plantes et animaux. Je réalise en ce moment une petite collection pour Casterman qui s’approche du documentaire et où le dessin a été important. Sortira également en 2021, aux éditions des Deux coqs d’or, un petit kit pour enfant, d’insectes à réaliser en papier en 3D.
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Nous nous étions rencontrées en 2015 lors de votre première exposition à la Slow Galerie près de la place de la République, à Paris. Vous y exposiez des totems en pop-up, au milieu d’autres artistes comme Eric Singelin, Cécile Kojima et Matthieu Duringer. Que de chemin parcouru depuis !
C’est en effet à la suite de l’exposition, entre autres, de mes pop-up de Totems, que le libraire d’ancien, Marc Plainecassagne, m’a proposé de les montrer dans sa librairie Chemin des Arts (Paris 18e), et de réaliser un livre d’artiste à partir de mes différents totems (photo ci-dessous). Les éditions Gautier Languereau ont souhaité l’éditer... et l’aventure a continué !
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Quelle est votre formation ? Comment en êtes-vous venue aux pop-ups ?
J’ai fait une formation de cinq ans à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD), à Paris, avec la spécialité image imprimée. Le papier était ma matière première. Dans les très beaux ateliers de l’école, j’ai pratiqué la sérigraphie avec grand plaisir. Un de mes travaux de fin d’étude portait sur la réalisation d’une espèce imaginaire en volume papier. J’ai commencé à réaliser des patrons, qui ont par la suite été la base de mes premiers totems. Je les avais appelés les « Transpolypius ».
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À la suite d’une journée d’initiation au pop-up par un de nos professeurs, j’ai acheté le livre Pop-up, art et technique, publié aux Editions Milan, et avec un ami, Matthieu Duringer, je m’en suis imprégné. Nous nous retrouvions chaque semaine pour explorer une nouvelle technique. Les Totems sont nés de ces volumes de papier que j’assemblais, toujours sous forme de pop-up. Après mon école, j’ai travaillé dans le motif textile pour une entreprise qui fabriquait du Bazin (un tissu spécifique à l’Afrique de l’ouest), où le motif est tissé en blanc et comme pour le jacquard, c’est le sens des fils qui crée le motif. J’avais besoin de la couleur ! C’est ainsi qu’en parallèle, j’ai travaillé sur mes Totems, ultra colorés, qui ont donné lieu à mon exposition.
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Ensuite, je me suis intéressée aux livres animés en général et à toutes les formes de pop-ups qui m’ont inspirée d’autres idées : Cerfs-volants, après Totems, tout en relief. Puis Trois petits indiens, où j’ai davantage exploré le mouvement des formes en relief.
Quelles sont, à présent, vos nouvelles envies d’exploration ?
Au niveau éditorial, je vais poursuivre mes projets de collection pour Casterman et d’ingénierie papier comme je l’ai fait cette année sur deux titres différents : j’ai en effet beaucoup aimé mettre en volume le travail d’une illustratrice. Je souhaiterais aussi développer mon approche de livres plus narratifs et de livres d’artiste, et également continuer à étendre ma pratique à d’autres champs artistiques, comme le pop-up pour le spectacle vivant. J’ai commencé cette année à travailler avec deux compagnies de cirque et de théâtre. Et je réalise par ailleurs avec mon conjoint des petits films animés à partir de papiers découpés.
À suivre alors, avec plaisir !
Anne-Sophie Baumann
* Totems a été commenté sur Livresanimes.com en novembre 2016. > Ici
** Cerfs-volants et Trois petits indiens ont été commentés sur Livresanimes.com en décembre 2018. > Ici
Remerciement
Livresanimes.com remercie chaleureusement Mathilde Bourgon pour sa disponibilité.
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