09/2016

> Il était une fois, dans un royaume qui sentait le roussi… ainsi commence le nouvel ouvrage pop-up de Philippe UG, l’histoire d’une princesse et de son poney qui vont régler son compte à un vilain dragon qui a tendance à tout cramer.

Avec le même format et le même incipit, « Il était une fois… », que son précédent ouvrage, Lutins des bois, l’artiste semble poser les bases d’une collection de contes.

D’emblée, on est séduit par la couverture dont le graphisme donne le ton : les dessins seront géométriques, les lettrines enluminées, les pages très colorées et fleuries. Et cela est réussi, à la fois raffiné et stylisé, le talent d’UG pour les motifs floraux lui venant d’une expérience ancienne (années 80) dans les tapisseries mille-fleurs, caractérisées par un fond composé d’une multitude de petites plantes et fleurs (ex. La Dame à la licorne du musée de Cluny).

La genèse de ce projet commence à Angers, lors d’une collaboration avec des guides du service arts et histoire. L’artiste découvre avec eux la tenture de l’Apocalypse (1375 - 1382), le plus grand ensemble de tapisseries médiévales au monde, conservé dans un musée dédié et situé dans le château.
De cette œuvre exceptionnelle, on retrouve l’idée de la lutte du bien contre le mal, le dragon qui, s’il n’a pas plusieurs têtes comme dans la tenture, n’en est pas moins impressionnant et les petits traits verticaux qui rappellent la texture des tapisseries.
Pourtant, dans son ouvrage, point de vaillant chevalier sur son fidèle destrier, point de bagarre violente ou de fin sanglante mais une princesse belle et rebelle sur son lumineux poney. Ils portent des noms de fleur et ne manquent pas de vigueur, gravissant une montagne à 90° pour réduire à néant l’énergie du méchant.
L’efficacité est aussi dans les pop-ups : simples, astucieux et variés dans leur découpe avec un joli château aux tourelles élancées, un carrosse brûlé tiré par quatre chevaux... et deux petits livrets avec reliefs, une première chez UG, qu’il explique par la nécessité de prolonger la narration sans créer de nouvelle double page.

Ce pop-up est une perle pour votre bibliothèque jeunesse, fine dans son histoire et dans certains détails comme l’impression au verso des pop-ups ou sa fabrication très soignée.
La cerise sur le gâteau aurait peut-être été d’avoir un texte en alexandrins et l’on imagine, pourquoi pas, une version collector en odorama avec des pastilles à gratter, car c’est aussi une histoire de victoire des odeurs délicates sur celles de roussi.
Thierry Desnoues

> Sans aucun doute les auteurs de Charlie Poussin va à l’école partagent avec leurs tout jeunes lecteurs la grande préoccupation de nos premières années d’école : comment ne pas arriver en retard !

Après un premier titre animé publié chez Albin Michel en 1999 (Charlie Poussin, réédité par Gründ en mars 2016), cette nouvelle aventure de Charlie sortie cette fois-ci chez Gründ va droit au but et nous fait partager les moments clefs du début de la journée de ce sympathique « petit gros poussin » : le réveil, le petit déjeuner et la course jusqu’à l’école.

L’ingénieur papier britannique Nick Denchfield a eu la bonne idée de se mettre à hauteur d’enfant pour réaliser trois réjouissants pop-ups qui donnent au lecteur le sentiment d’avoir le nez collé au pied du lit de Charlie ou la sensation d’être éclaboussé par un bol de céréales particulièrement explosives. La troisième animation nous permet même de courir avec notre poussin aussi vite que nous ouvrons et replions la page !
Car le temps presse ! L’histoire va crescendo en alternant pop-ups et petits textes qui rappellent à Charlie qu’il n’a pas un instant à perdre. Avec humour, les dessins de l’illustrateur Ant Parker nous laissent deviner sa sympathie pour Charlie lancé dans sa course contre la montre !

Le suspense est total : Charlie arrivera-t-il à l'heure ?
Pour le savoir, il faudra attendre patiemment d’avoir ouvert la dernière des quatre pages d’un poster panoramique... À n’en pas douter, ce petit livre donnera le sourire à tous ceux qui ont du mal à se réveiller le matin !
Jean-Marc Desrosiers