> Mathilde Bourgon est l’autrice, l’illustratrice et l’ingénieure papier des très appréciés Totems, Trois petits indiens et du Pop-up du Dôme de Beauval (> relire notre interview en octobre 2020).

Aujourd’hui, elle offre aux tout-petits une promenade à la découverte des animaux emblématiques de différents écosystèmes. Le titre de cette série est annonciateur : Ça bouge pas mal. En effet, l’ouverture de chaque double page déploie automatiquement une animation parfaitement adaptée au jeune public, mettant en mouvement plusieurs saynètes simples et efficaces.

Dans Ça bouge pas mal sur la banquise, un ours blanc, un manchot, un morse curieux, un lièvre, un renard et un renne prennent vie à notre passage, et sont rassemblés dans un tableau final très réussi. Nous croisons également d’autres habitants, dont le macareux enrhumé, le gorfou fou ainsi que les lemmings farceurs qui poursuivent leurs jeux tout au long des pages.
Les textes, drôles, courts et ponctués d’onomatopées, peuvent se prêter à une mise en chanson improvisée.
Le charme des illustrations, la palette de couleurs parfaitement évocatrice de la banquise, et la richesse des subtils effets de matières contribuent également à ce que les enfants replongent avec plaisir dans cet ouvrage, à la découverte d’autres détails qui leur auraient échappés en première lecture.

Si Ça bouge pas mal dans la jungle est traité dans le même esprit, son sujet autorise une plus grande richesse d’harmonies colorées. Chaque animation intégrée à un décor luxuriant évoque pareillement une visite dans ce monde sauvage où crocodile, chimpanzés, perroquet, maman léopard et bébé tamandua sont dérangés par notre intrusion.

Ces deux premières promenades, aussi réussies l’une que l’autre, seront prochainement suivies d’autres explorations* qui étofferont cette nouvelle série pleine d’humour et de poésie…
Esméralda Jabi

* Ça bouge pas mal à la ferme et Ça bouge pas mal dans les océans sont à paraître en octobre 2022.

Le grand format de cet ouvrage offre à Clotilde Perrin tout l’espace nécessaire pour crier un Ha ! effrayant dès la couverture et peupler ses dessins de bestioles gigantesques, pleines de pustules, griffes et poils en tous genres. Il lui permet aussi de les enrichir de nombreux détails : histoires dans l’histoire, clins d’œil et commentaires humoristiques, personnages inattendus à débusquer, comme dans ses albums publiés chez le même éditeur*.
L’univers des contes de fées est très présent dans les décors (maison des Trois Petits Cochons, château de la Belle…) et dans les livres de la bibliothèque (Hansel et Gretel, Le Petit Poucet, …). Des titres d’albums jeunesse plus contemporains se glissent également çà et là comme Les trois brigands et À l’intérieur des méchants de l’autrice elle-même.

Tous les ingrédients sont là pour faire passer un moment agréable à ceux qui aiment jouer avec la peur. La couverture cartonnée et les pages épaisses facilitent la manipulation de ce livre-jeu animé, à explorer dès 4 ans, seul ou à plusieurs.
Patricia Navet

* (À l’intérieur des méchants, À l’intérieur des gentils, À l’intérieur de mes émotions, La maison de Madame M, Dans sa valise)

> Cet album est une adaptation en livre animé du célèbre conte d’Andersen, publié d’abord en version anglaise puis en français.

L’histoire raconte les péripéties de la jeune Gerda qui part à la recherche de son ami Kay, ensorcelé par un éclat de miroir dans l’œil et prisonnier de la Reine des Neiges. Elle se déroule en six doubles pages où les fines découpes en relief, la plupart en ajours, sont simples et classiques mais efficaces et variées, et se déploient automatiquement sous les yeux du lecteur au fur et à mesure du récit.
L’émerveillement vient aussi de la beauté des illustrations de Lesley Barnes, extrêmement fines, détaillées et pleines de poésie, avec des dominantes de teintes noires et bleues, ponctuées d’une encre dorée. La couverture, enrichie d’une impression or métallisé, attire le regard.

Enfin, le format de l’ouvrage, petit et presque carré, ajoute au charme de ce récit féérique. Le tout pour un prix modéré. Alors, n’hésitez pas !
Benoit Marchon

> Ouvrez grand vos yeux et vos poumons pour cette balade bucolique offerte par Anouck Boisrobert et Louis Rigaud. Lou là-haut n’est pas un simple diaporama de paysages montagneux ni une leçon de choses. L’album retrace avec une avalanche de détails l’expédition de Lou à la recherche d’un loup gris. Ne cherchez pas de téléphones portables ni de lignes électriques, tout est empreint de nature. Cette montagne-là, idyllique, se laisse contempler : on y retrouve l’ambiance des randonnées d’antan, la joie des enfants faisant voguer des bateaux dans les torrents, la liberté incarnée par l’héroïne persévérante...

> Qui ne connaît pas les flip books (ou folioscopes en français) ? Ces petits livres, le plus souvent rectangulaires, se feuillettent avec le pouce sur la tranche pour faire défiler rapidement une suite de photos, dessins ou images extraites d’un film et créer ainsi l’illusion du mouvement dans une courte séquence animée.

L’auteur de ce pavé de près de 300 pages, Pascal Fouché, est historien, écrivain et éditeur. C’est aussi un grand amateur de flip books, avec une collection de plus de 11 000 titres (> référencés sur son site web). En 2007, celle-ci avait fait l’objet d’une exposition à Rennes, que nous avions visitée et commentée (> relire l’article).
Il en présente ici une grande variété et raconte leur histoire, depuis leur naissance à la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Nous découvrons ainsi des exemplaires anciens tirés des premiers films et des dessins animés, des livres jouets, des livres « primes » (offerts en cadeau pour un achat), des objets publicitaires mais également des œuvres d’artistes qui témoignent d’une grande inventivité.

L’auteur rythme son recueil de huit entretiens avec des créateurs contemporains dont il présente quelques réalisations sur des pages moins larges : Alain Fleisher, Scott Blake, William Kentridge, Paul Cox, George Griffin, le collectif Böller und Brot, Mohiken et Ruth Hayes. Le lecteur peut également visionner quinze extraits de flip books reproduits en bord de format.
Le dernier chapitre est consacré à différentes formes plus inattendues : insérés dans un livre, sur des feuillets ou en albums à découper, sur des cartes à jouer, tête-bêche, etc.

Au-delà des collectionneurs du genre, cet ouvrage de référence ne manquera pas de passionner les amateurs de cinéma, de dessins animés, de livres à système et d’ephemera.
Thierry Desnoues